Histoire cachée de la Palestine

On nous a sou­vent dit qu’a­vant la créa­tion d’Israël, la Palestine était en gros un désert infer­tile. Au contraire, les don­nées his­to­riques confirment lar­ge­ment l’affirmation que la Palestine, hors le Néguev déser­tique, était une terre fer­tile, avec des régions comme la Galilée (incluant Nazareth) riches en blé, oli­ve­raies et ver­gers. Les rap­ports otto­mans, bri­tan­niques et les témoi­gnages de l’époque (comme celui de Pierre Loti) attestent d’une éco­no­mie agri­cole pros­père, sou­te­nue par des sys­tèmes d’irrigation et une popu­la­tion active. Le mythe du « désert infer­tile » est une construc­tion idéo­lo­gique visant à mini­mi­ser la pré­sence pales­ti­nienne et à jus­ti­fier la colo­ni­sa­tion sio­niste. Cependant, il est impor­tant de noter la varia­bi­li­té géo­gra­phique : cer­taines zones étaient moins pro­duc­tives sans irri­ga­tion moderne. Nazareth et ses envi­rons, comme Safouria, étaient des centres agri­coles dyna­miques. Voilà pour­quoi il est impor­tant de réta­blir les faits et c’est ce à quoi s’emploie l’his­to­rienne Marion Sigaut dans son livre sur Mansour Kadosh. Introduction : Contexte per­son­nel et recon­nais­sance – Prix Palestine et silence média­tique : Marion Sigaut com­mence par men­tion­ner qu’en 1998, elle a reçu le prix Palestine Mahmoud Hamchari pour son livre *Mansour Kardoch, un juste à Nazareth*, publié chez TheBookEdition. Elle sou­ligne le silence total de la presse fran­çaise sur cet évé­ne­ment, illus­trant une forme de cen­sure ou d’indifférence envers son tra­vail sur la Palestine (1:04 – 1:40). – Objectif de l’intervention : Elle sou­haite réta­blir une véri­té his­to­rique sur la Palestine, sou­vent défor­mée par la dés­in­for­ma­tion, en s’appuyant sur son expé­rience per­son­nelle et l’histoire de Mansour Kardoch, un Palestinien chré­tien de Nazareth (0:45 – 1:00). Chapitre 1 : Origines du sio­nisme et pro­messes colo­niales – L’affaire Dreyfus et le sio­nisme : Sigaut relie l’émergence du sio­nisme à l’affaire Dreyfus (1894−1895), qui a divi­sé la France et révé­lé un anti­sé­mi­tisme per­sis­tant. Theodor Herzl, en réponse, publie *L’État des Juifs* (1896) et orga­nise le pre­mier congrès sio­niste à Bâle en 1897, lan­çant l’idée d’un État juif en Palestine (2:00 – 3:24). – Promesses contra­dic­toires des puis­sances colo­niales : – 1915 – Promesse McMahon-​​Hussein : Les Britanniques pro­mettent un État arabe sou­ve­rain en échange du sou­tien des Arabes contre les Ottomans (3:45 – 4:23). – 1916 – Accords Sykes-​​Picot : La France et la Grande-​​Bretagne se par­tagent secrè­te­ment le Moyen-​​Orient, tra­his­sant la pro­messe faite aux Arabes (4:50 – 5:15). – 1917 – Déclaration Balfour : Les Britanniques pro­mettent au mou­ve­ment sio­niste un foyer natio­nal juif en Palestine, sur le même ter­ri­toire pro­mis aux Arabes, créant une contra­dic­tion majeure (5:33 – 6:08). Chapitre 2 : La Palestine his­to­rique et Nazareth – Description de Nazareth : Sigaut pré­sente Nazareth comme une ville pros­père et mul­ti­con­fes­sion­nelle, centre de la Galilée, avec une coexis­tence his­to­rique entre chré­tiens et musul­mans. Elle cite Pierre Loti (1894) pour décrire la fer­ti­li­té de la région, contre­di­sant l’image d’une terre aride (6:20 – 7:12). – La famille Kardoch : Mansour Kardoch, né en 1920, appar­tient à une famille chré­tienne de Nazareth qui exploite un mou­lin dans la rue du Puits de Marie. Cette famille illustre la vie pales­ti­nienne avant les bou­le­ver­se­ments (7:18 – 13:01). – Contexte intel­lec­tuel pales­ti­nien : La Palestine des années 1920 – 1930 est décrite comme un centre intel­lec­tuel avan­cé, avec un fort taux de sco­la­ri­sa­tion (27 % de la popu­la­tion) et une riva­li­té avec le Liban pour l’éducation (14:06 – 17:18). Chapitre 3 : L’expropriation des terres pales­ti­niennes – Mécanisme de l’expropriation : À la fin du XIXe siècle, l’Empire otto­man impose un cadastre, obli­geant les vil­lages pales­ti­niens à décla­rer des pro­prié­taires indi­vi­duels. En l’absence de pro­prié­taires nomi­na­tifs, des notables (effen­dis) s’enregistrent comme pro­prié­taires, pro­met­tant de pro­té­ger les vil­la­geois. Dans les années 1920 – 1930, ces terres sont ven­dues à des ache­teurs juifs à des prix exor­bi­tants, sou­vent avec l’exigence d’expulser les pay­sans (8:18 – 11:56). – Conséquences : Les pay­sans pales­ti­niens sont chas­sés de leurs terres, rem­pla­cés par des colons juifs qui cultivent eux-​​mêmes la terre, contrai­re­ment à une colo­ni­sa­tion clas­sique où les autoch­tones sont exploi­tés comme main‑d’œuvre. Ces expro­pria­tions mas­sives jettent des familles sur les routes, les trans­for­mant en pro­lé­ta­riat urbain (12:29 – 12:35). – Statistiques : En 1948, 93 % des terres pales­ti­niennes appar­tiennent encore aux Palestiniens ; seules 6 à 7 % ont été ache­tées léga­le­ment. Le reste est pris par la vio­lence et l’expropriation (40:13 – 40:43). Chapitre 4 : La révolte pales­ti­nienne et la Nakba – Révolte de 1936 : Face à l’arrivée mas­sive d’immigrants juifs, une grève géné­rale para­lyse la Palestine pen­dant six mois, pro­tes­tant contre l’inaction bri­tan­nique. La répres­sion anglaise est bru­tale, avec 3 000 morts et la des­truc­tion de la vieille ville de Jaffa (17:51 – 19:57). – Nakba de 1948 : Après le départ des Britanniques (15 mai 1948) et la pro­cla­ma­tion de l’État d’Israël, les armées arabes, mal équi­pées, échouent à contrer l’offensive israé­lienne. Des mas­sacres, comme celui de Deir Yassin (9−10 avril 1948), sont uti­li­sés comme arme psy­cho­lo­gique pour pro­vo­quer un exode mas­sif des Palestiniens (27:52 – 29:49). – Safouria : Le vil­lage pros­père de Safouria, près de Nazareth, est rasé en juillet 1948 après un bom­bar­de­ment. Ses 7 000 habi­tants fuient, et le site est trans­for­mé en moshav israé­lien (Tzipori), deve­nu un site tou­ris­tique (30:37 – 32:34). Chapitre 5 : La vie sous occu­pa­tion mili­taire – Nazareth en 1948 : Après l’occupation israé­lienne, Nazareth devient un refuge pour des mil­liers de dépla­cés. La ville passe sous un régime mili­taire strict, avec couvre-​​feu et res­tric­tions de mou­ve­ment. Mansour Kardoch est contraint de fer­mer son mou­lin en rai­son de nou­velles normes impo­sées, le rédui­sant à vendre des glaces et de la limo­nade pour sur­vivre (33:14 – 37:36). – Discrimination sys­té­mique : Les Arabes israé­liens (250 000 en 1948) sont sou­mis à une dic­ta­ture mili­taire, avec des lois com­pa­rées par un juriste israé­lien à celles de l’Allemagne nazie. Les terres sont confis­quées pour des rai­sons « d’urgence » ou parce qu’elles sont consi­dé­rées comme sans pro­prié­taire, même si les pro­prié­taires ont été chas­sés (35:32 – 38:54). – Biens waqf : Les biens musul­mans des­ti­nés à l’aumône (waqf) sont sai­sis, pri­vant les com­mu­nau­tés de res­sources essen­tielles (39:06 – 40:02). Chapitre 6 : Résistance des Arabes israé­liens – Mouvement Al-​​Ard : Mansour Kardoch et d’autres Arabes israé­liens créent *Al-​​Ard* (« La Terre »), une publi­ca­tion clan­des­tine pour main­te­nir un lien avec le monde arabe et dénon­cer les injus­tices. Soutenus par des Juifs pro­gres­sistes, ils appellent au boy­cott des élec­tions israé­liennes, jugées non démo­cra­tiques (47:03 – 49:59). – Mémorandum à l’ONU (1964) : Incapables d’obtenir une auto­ri­sa­tion pour publier léga­le­ment, ils envoient un mémo­ran­dum de 13 pages à l’ONU, récla­mant l’égalité des droits, la fin des dis­cri­mi­na­tions et l’application du plan de par­tage de 1947. Ce docu­ment, igno­ré par

Qu’est-​ce que le sionisme messianique ?

La poli­tique guer­rière actuelle de Benjamin Netanyahou est dif­fi­cile à lire sans les clefs offertes par l’i­déo­lo­gie mes­sia­niste d’une par­tie des sio­nistes qui dirigent l’État d’Israël. Le der­nier livre de Youssef Hindi et Pierre-​​Antoine Plaquevent inti­tu­lé “de “Israël et la guerre mon­diale des reli­gions : géo­po­li­tique et millénarisme”(éditions Culture et Racines) – offre jus­te­ment ces clefs de com­pré­hen­sion.Au micro de Tocsin et en com­pa­gnie de son pré­fa­cier, Edouard Husson, Youssef Hindi en réca­pi­tule les grands axes : Ce mou­ve­ment croit que le retour des Juifs en Israël est un pré­cur­seur ou un cata­ly­seur de la venue du Messie.  Il y a sou­vent une attente que cet éta­blis­se­ment en terre d’Israël, par­ti­cu­liè­re­ment en Judée et Samarie (Cisjordanie), accé­lère le pro­ces­sus vers les temps mes­sia­niques. Certains adhé­rents du sio­nisme mes­sia­nique per­çoivent l’État d’Israël non seule­ment comme un État-​​nation moderne mais aus­si comme le début de la rédemp­tion mes­sia­nique pro­mise par la tra­di­tion juive. 

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